J'étais Mousse sur un Thonier à Voile
La vie de pêcheur est dure. Mais jamais vous ne vivrez ce qu'a vécu Jo, originaire de Belz en Bretagne, devenu chef mécanicien sur le thonier basque Calliope.
J'ai commencé mousse à 14 ans sur un thonier à voile. A ma première "marée", j'ai été malade comme un chien. "C'est pas possible de continuer" que je me disais, mais à la seconde marée, ça a été.
Mon père était petit paysan, je suis marin parce qu'au pays, il n'y avait rien d'autre, vraiment rien. Ca a été dur. Tu viens de quitter les bancs de l'école et tu te retrouves au milieu d'hommes. Le plus souvent sans aucune aide, aucun conseil.
Allumer le réchaud avec une pomme de pin, mettre le charbon et faire la cuisine pour huit avec un seul feu. Le matin, à jeun, il fallait siphonner le vin de la barrique. Ce goût te rentrait dans la bouche pour toute la journée ! J'étais tout seul.
Seul dans le poste avant, avec les cordages; combien de fois, je me suis affalé sur ma couchette en pleurant.
Le mousse se levait à 4 heures. C'est lui qui préparait les lignes. Le soir, c'est lui qui les rangeait.
Quand j'ai commencé je pesais 35 kilos. Souvent à la Rochelle, il y avait des bagarres entre les Etellois (ceux d'Etel) et les Grecs (ceux de l'île de Groix). Là, les mousses, on se faisait tout petits, on se planquait. Ah ! quand on se retrouvait entre mousses dans les ports, là, on était contents : "Il est comment ton bateau ?", "Tiens ça, c'est bien foutu !", "Dis donc, j'ai trouvé une cobine pour siphonner les barriques..."